Société des Poètes Français – S.P.F – Espace Mompezat –

                        

                                          Exposition du 01 au 14 Décembre 2018.

                                                   Caroline Humair – peintre –

Bonjour à tous, amies et amis, merci de votre présence nombreuse et précieuse en notre espace Mompezat siège de la Société des Poètes Français, l’une des plus anciennes institutions de poésie française, fondée en 1902 sous l’initiative de José-Maria de Heredia, Sully Prudhomme et Léon Dierx en hommage à Victor Hugo. Belle lignée comme vous pouvez le constater. Autant dire que tous les fleurons de la poésie française furent ou sont très liés à notre société.

Mais resituons-nous sur l’objet de votre venue ici, l’exposition de notre amie Caroline Humair, qui pour la petite histoire doit se trouver bien chez les poètes car cela fait déjà quatre fois qu’elle présente ses œuvres sur nos cimaises, c’est pour nous un réel plaisir car elle nous offre quelques chemins de traverse, ce qui ne peut que nous enchanter.

Oui elle nous extirpe du quotidien, de la grisaille ambiante pour nous offrir une errance nous conduisant vers la rêverie si nous sommes disposés à prendre le temps nécessaire, afin de nous perdre et voyager dans les arcanes et symboles de son œuvre, modeste au demeurant, mais profonde à la réflexion. Comme je commence à bien connaître Caroline Humair, et après quatre expositions sympathiques, je voudrais bien éviter les redites, alors puisque sous certains angles je la considère comme une artiste « intuitiste » je me laisserai porter par le seul ressenti ou presque. Si elle n’écrit pas toujours de poésie elle la peint, de trace en trace, de signe en signe.

Cette nouvelle série des œuvres de notre artiste, comme une grande partie de son œuvre, est basée sur le graphisme informel, l’abstraction parfois ludique sous le signe du labyrinthe, de l’énigme à révéler.

Cette année peut-être plus que jamais, je ressens dans les œuvres de cette peintre, la présence manifeste du street art, parfois elle en utilise les moyens, les outils du quotidien comme elle aime à dire, bombes aérosols, déchirures, collages, restructuration de l’ensemble de la composition.

L’artiste est une coloriste qui prend plaisir à travailler en noir et blanc mais toujours rehaussé d’une note de couleur, ce qui lui permet de retrouver ses marques, ses repères. 

Le noir absolu cautionne l’angoisse, peut-être Pierre Soulages ne serait-il pas d’accord avec moi. La ténèbre génère toujours un sentiment de néant, ce que refuse absolument Caroline Humair qui a foi totale en la vie.

Pour elle, selon la formule d’André Malraux : « L’art est un anti-destin. » il est le prolongement, la garantie d’un autre élan.

Notre amie m’a confié qu’elle rêve de réaliser de grands formats, voire s’attaquer au muralisme. À ce propos, je suis pratiquement certain que ce rêve deviendra réalité, lorsqu’elle aura un atelier approprié et le temps nécessaire pour travailler sur de semblables formats.

Comme un retour en son jardin d’enfance, Caroline Humair qui laisse une grande place au rêve, voit dans l’art une possibilité de métamorphose de l’être.

Poésie et spiritualité se conjuguent, ce que nous découvrons si nous nous rapprochons un peu de ses œuvres où fourmillent multiples symboles, sortes d’idéogrammes à décoder, afin de découvrir le sens caché des choses.

Autre aspect singulier dans cette œuvre insolite, la présence des anges nous reliant à notre condition humaine et servant de trait d’union entre le temporel et l’intemporel, le matériel et le spirituel.

Il est bon de regarder son œuvre en filigrane car elle nous renseigne sur une multitude de signes, de symboles au seuil de l’ésotérisme.

De petits personnages insolites, peut-être venus d’une autre planète ou des mutants d’une autre civilisation.

En forme de conclusion, Caroline Humair m’a confié que le grand mot dans l’art était l’Amour, l’amour de la vie, l’amour des autres dans le partage, mais elle me susurra aussi que faute de pouvoir s’exprimer, elle avait le sentiment d’une petite mort.

Tout pour elle se situe dans l’espace-temps, les traces de mémoire, la métamorphose dans le grand chaos.

Un ange passe, une connexion céleste s’établit avec un mystérieux « maître » du nom d’Avael qui s’est manifesté dans une œuvre ici présente en cimaise. Quel message y a-t-il laissé ? Elle en détient peut-être la clé ?

Cette fois avant de prendre congé, je mets le père de Caroline, Daniel Humair que l’on ne présente plus, sorte de titan du monde jazzistique et aussi pictural, à contribution en lui demandant son ressenti sur l’œuvre de sa fille.

Ce dernier considère l’œuvre comme plus affirmée avec un chaos désorganisé qui peut devenir comme dans la musique, une réorchestration, une ligne mélodique où les éléments s’harmonisent et s’emboîtent.

Merci Daniel, pertinente impression !

Désormais, il vous reste à regarder les œuvres de Caroline Humair avec toute l’attention que ces œuvres méritent, un peu comme un puzzle à reconstituer, une énigme à décrypter, il en est toujours ainsi de la poésie.

Michel Bénard.

Lauréat de l’Académie française.

Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Poeta Honoris Causa.