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Présentation de Michel Bénard, Lauréat de l’Académie française, lors du vernissage de l’exposition Espace Mompezat (SPF) le 05 Janvier 2013. « Caroline HUMAIR, le geste de l’instinct créatif. »

Chers(es) amis(es) bonjour, et merci à tous et à toutes d’être venus si nombreux, pour certains de très loin, du Sud de la France et même du Viêtnam, pour nous retrouver et célébrer, dans le partage et l’amitié, ce vernissage de notre amie peintre Caroline Humair, en notre Espace Mompezat, siège de la Société des Poètes Français (SPF).
Le premier contact avec cette exposition, c’est déjà une déferlante de positivité graphique, une vague lumineuse chaleureuse, un souffle d’authenticité, une bouffée de liberté, un espace offert à l’imaginaire, une bannière libertaire, en un mot la « liberté libre » comme nous aurait susurré ce jeune poète de dix sept ans qui n’était pas trop sérieux, Arthur Rimbaud.
Oui, libre de liberté, toute l’œuvre de Caroline Humair repose sur ce principe de l’indépendance créative.
Le parcours artistique de Caroline Humair fût toujours lié à la création, car elle est issue d’un milieu porteur, d’une terre fertile, avec une mère s’exprimant dans les disciplines musicales, comme le chant, les arts graphiques et un père qui, dans l’inconscient ou le non révélé, occupe une place prépondérante, d’une part avec son coté plasticien, bien connu dans le monde de la peinture, mais également dans le monde du jazz avec une renommée mondiale, je me permets de citer ici, Daniel Humair.
Vous conviendrez que l’héritage n’est pas anodin.
Mais si le besoin de créer individuellement fût toujours le credo de Caroline Humair, elle étudia la philosophie et la psychologie, ce qui ne peut avoir qu’une portée favorable pour permettre une compréhension plus affinée du genre humain, vaste sujet, mais elle suivit également des études d’histoire de l’art, d’arts plastiques, ce qui ne peut pas nuire.
Voici donc quelques cordes non négligeables et de bons atouts supplémentaires.
Néanmoins, je ne m’attarderai pas sur le cursus afin de mieux me concentrer sur l’aspect d’intériorité, qui se révèle être une nécessité viscérale du « combler le vide », de « nourrir le blanc » et si j’étais psychologue, je pourrai vous développer sur le sujet une longue
réflexion. Mais écartons ces spéculations intellectuelles pour retrouver tout simplement le monde fabuleux et fabuliste de Caroline Humair.
C’est avant tout une peinture où, tout simplement, il faut se laisser porter sans questionnement, un monde où il est bon d’être imprégné par les légendes et le rêve.
Un monde où soufflent un vent d’authenticité, un frémissement de bonheur, où l’on découvre des empreintes de poésie naturelle, spontanée.
Le geste de l’instinct créatif !
Lorsque je parle de poésie, ne voyez ici aucune méprise, car au premier regard, les œuvres de notre amie laissent surtout apparaître des volumes fragmentés, des espaces mis en situation, en équilibre, l’ensemble baigné par le halo d’une musicalité chromatique, vif, pur, simple mais vrai.
Caroline Humair demeure quelque part dans une sorte de jardin de l’enfance, une cachette intime et secrète dans un conte, une fable et Jean de la Fontaine n’est peut-être pas si loin que nous pourrions l’imaginer.
Elle n’aspire qu’à nous transporter dans un flot d’étonnement, d’éblouissement, ses degrés évolutifs sont des jeux, des marelles, des terres, des cieux, une lettre, un vers à décrypter, qui ne sont peut-être que des messages et intentions d’amour voilé.
Certains observateurs, je m’y attends, voudront voir ici un lien avec le monde COBRA issu d’un mouvement artistique déjà ancien né en Belgique, où entre autres, nous retrouvions, Jorn, Alechinsky, Doucet, Atlan, mais pourquoi pas un lieu commun avec Kandinsky, Pollock, Miro et aussi et inévitablement Daniel Humair.
Dans ses débuts Caroline subit et c’est tout à fait normal, quelques influences à partir des œuvres de Van Gogh, Modigliani etc. Mais très vite elle découvrit sa facture et écriture personnelles, avec ce côté tactile, ce besoin de contact, de jeux d’encres se diffusant dans l’eau au fil des irisations heureuses et parfois hasardeuses.
Nous sommes ici dans le geste de « l’abstraction figurative. »  
Il est bien évident que ce ne sont pas les titres qui font les tableaux, mais ceux que leur donne Caroline Humair sont assez révélateurs de la démarche ainsi que de l’esprit humoriste et ludique de cette dernière.
En voici un tout petit échantillonnage, tenez vous bien c’est assez croustillant… « L’homme pigeon – ça commence bien, Rat tas touille – Boîte & reboîte – La vache sacrement folle – Plus besoin de placebo la place est belle –  Je n’aime pas le vide – etc.
Tout n’est que foisonnement coloré, poésie où l’esprit s’envole vers l’arbre des rêves, une peinture où finalement le petit Prince n’est pas bien loin.
Les sujets sont libres où les fragments, les volumes, tentent de se retrouver, de s’harmoniser, de trouver l’équilibre naturel loin de toutes lois conventionnelles.
Oui toute la poésie est là sur un arbre isolé, l’ébahissement  d’un poisson volant, l’embellie pastellées d’un papillon, la mystérieuse apparition d’un visage, d’un masque étrange sorti des profondeurs de la nuit des temps.
Les frondaisons caressent le ciel et les racines plongent dans la mémoire.
Mais ici, je préfère vous laisser vous imprégner vous-même des œuvres de Caroline Humair, elles sont sources de jouvence et parcelles de vie.

Michel Bénard.
Lauréat de l’Académie française.